La santé, c’est par où ? Comment nous avons cartographié 75% des centres de santé en RDC

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Amélioration des données géospatiales en RDC

De bonnes données géospatiales sont la base de toute planification dans la stratégie de la santé! Que ce soit pour évaluer l’accès aux soins de santé à travers de modèles d’accessibilité, de déterminer la localisation optimale d’un nouveau centre de santé, de planifier efficacement une campagne de vaccination ou la distribution de médicaments, de déterminer là où les besoins en ressources humaines sont les plus pertinents, etc… Ces activités ne peuvent être conduites qu’avec des données précises sur la localisation des centres de santé.

Or, jusqu’il y a peu, en RDC les informations géospatiales contenues dans le système national de santé étaient relativement limitées. En 2020 encore, la localisation précise d’un seul tiers des structures de santé était connue. Dans le cadre d’un effort collectif autour du projet Mapping for Health du Ministère de la Santé, coordonné par nos collègues de GRID3, Bluesquare a pu contribuer à l’effort pour une meilleure couverture de ces informations, grâce à des financements de USAID et de la Fondation Bill et Melinda Gates.

Améliorer la localisation des centres de santé

En 2020, un premier effort de consolidation de différentes sources existantes d’information sur la localisation avait été réalisé. Il avait permis d’augmenter le nombre de structures de santé dans le Système National d’Information Sanitaire (SNIS) avec coordonnées géographiques de 35 à 73%  (voir notre blog précédent Health Facility Registry Matching). Mais à l’époque, seules les coordonnées les plus fiables avaient été intégrées dans le Système National d’Information Sanitaire (SNIS). Le SNIS était ainsi passé de 6000 à 9000 structures géolocalisées sur 17.000. 

Depuis lors, Bluesquare en collaboration avec le groupe de travail technique travaillant sur ce sujet, chapeauté par le Ministère de la Santé, a continué à améliorer la méthodologie et à rassembler de nouvelles sources de données. Cela a permis d’augmenter encore le nombre de structures de santé avec des coordonnées géographiques précises connues.

Les premiers obstacles que nous rencontrons dans l’agrégation de différentes bases de données sont l’absence d’identifiants uniques et le fait que les noms des structures sont écrits de manière différente à travers les différentes sources. Nous devons donc tout d’abord trouver une méthode pour les faire correspondre. Ensuite, une fois que cette correspondance à été réalisée, nous devons déterminer quelle est l’information géographique correcte pour chaque centre de santé. Cette information peut en effet être parfois divergente pour le même centre de santé. Au vu de la quantité de données à croiser, ces 2 étapes sont effectuées de manière algorithmique.

Image 1 : Arbre décisionnel pour la sélection algorithmique  de la meilleure coordonnée géographique.

Algorithme de correspondance 

Cet algorithme fait correspondre les structures d’un ensemble de données de référence (SNIS) avec un ensemble de données cibles sur la base du nom, du type de structure, de leur emplacement dans la pyramide sanitaire et des limites administratives de leurs parents (aires, zones et provinces). Les établissements de santé peuvent être mis en correspondance par le biais d’une correspondance exacte (les noms et les types d’établissements de santé sont identiques) ou d’une correspondance floue (les noms et les types d’établissements de santé sont similaires). 

Algorithme de sélection du GPS

Après un processus de mise en correspondance réussi, pour certaines structures de santé plusieurs données de localisation sont disponibles provenant de diverses sources de données. Le processus de sélection des coordonnées permet de choisir la meilleure source de données en fonction de multiples critères : cohérence avec la géométrie de la pyramide, fiabilité arbitraire, répartition de la population, etc.

Résultats obtenus

En mai 2022, grâce au travail réalisé avec le groupe technique, le SNIS dispose d’informations géographiques pour 15.497 structures des 20.422 enregistrées dans le SNIS aujourd’hui, soit 75,8% des établissements de soins de santé !

Image 2 : Nombre de structures de santé avec ou sans localisation dans le système national d’information sanitaire (SNIS) au 25/05/2022

Les cartes ci-dessous illustrent la proportion de structures de santé avec localisation connue par province (à gauche en 2020, à droite en mai 2022).

On peut voir qu’il existe encore de fortes disparités entre les provinces mais l’objectif est d’arriver à 100% d’ici la fin de l’année 2022 ! 

L’interface publique pour visualiser le contenu de l’information disponible dans le système national d’information de la santé (SNIS) est disponible à travers le lien suivant : https://www.cartesanitairerdc.org/data. L’ensemble des données y est téléchargeable en format xlsx en cliquant sur le bouton d’exportation en bas de page.

Compléter les données: votre aide est la bienvenue! 

Le ministère de la santé a mis au point des outils de collecte pour compléter les données géographiques manquantes, à travers une application mobile collectant une photo et une localisation, et également un Canevas Annuel, pour obtenir des données de base complémentaires sur l’ensemble des structures de santé de la RDC. Un premier pré test fructueux a été effectué en novembre 2021 dans 2 zones de santé du Haut-Katanga, et ces outils sont en train d’être vulgarisés et déployés à l’échelle nationale pour couvrir progressivement les différentes provinces.

Ainsi, toute ONG, bailleur, partenaire technique disposant de données géographiques ou souhaitant participer à cet effort de collecte ne doit pas hésiter à se faire connaître auprès du ministère (personne de contact: Bernice Ngiongi, DSNIS, bernice.ngiongi@sante.gouv.cd) ou nous contacter pour plus d’informations. Toutes les sources de données supplémentaires sont les bienvenues !